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Bref, je l’ai fini au parapluie




Il y a plusieurs choses qui m'insupportent au Japon : la voix nasillarde des vendeuses en magasin (voir Bref, j'ai fait les soldes de Ganjitsu), les étrangers qui prennent les Japonaises pour des femmes faciles, les personnes qui sortent en Crocs en public. Et puis, il y a LA chose qui m'irise les poils des jambes au plus au point, celle qui me donne des hauts-de-cœur rien qu'à l’évocation de son nom, celle qui me dégoûte jusqu'à m'en donner des sueurs froides : les gokiburi, aka les cafards japonais !



Ma première rencontre avec l'un des leurs fut lorsque je vivais à Ise dans la préfecture de Mie. Je m'en souviendrais toujours, et mon cou aussi.


C'était un beau soir d’août : l'air était humide, il faisait chaud, j'avais passé plusieurs heures dans le train pour rentrer chez moi suite à un entretien d'embauche sur Tokyo, et j'étais impatiente de rejoindre ma campagne après avoir goûté aux joies de la ville pendant tout un week-end.


Pourtant, les retrouvailles tant attendues entre mon lit et moi ont été interrompues dès la porte d'entrée refermée. En effet, à peine le verrou loqué, je me suis retrouvée nez à antennes avec un immonde insecte marron sautant partout sur le sol de ma chambre. Welcome home !



Qu'on se le dise, les gokiburi n'ont rien à voir avec leurs homologues français : ils sont deux fois plus gros !


Cette chose était A-BO-MI-NA-BLE : ses pattes grouillaient sur mon tapis, ses ailes s'entrechoquaient pour émettre un son des plus agaçants, et ses antennes se dandinaient au gré de ses bonds, telle Nicki Minaj dans l'un de ses clips. Autant vous dire que si j'avais eu les moyens financiers de prendre la poudre d'escampette pour la nuit, je l'aurai fait illico.


Au lieu de cela, j'ai préféré dormir recroquevillée dans ma baignoire, les serviettes de bain roulées en boule devant la porte de la salle d'eau pour éviter qu'une présence indésirable ne vienne troubler mon sommeil, en mode “survie”.


Ce n'est que le lendemain matin, après une nuit catastrophique pour mon ego et un torticolis dont mon cou ne s'est toujours pas remis, que j'ai décidé de chasser l'indésirable squatteur.


En cette douce journée d'été 2015 la guérilla contre les gokiburi commençait !



(Photo : Un petit aperçu de la concentration de Gokiburi au Japon (source:SurvivingJapan))




Si en France, il est plutôt rare de croiser des cafards, au Japon ce genre de rencontre du troisième type est malheureusement “monnaie courante”.


En effet, vous avez beau tenir votre intérieur à quatre épingles, la chaleur, l'humidité, la végétation, les ordures ou je ne sais encore, font que ces bestioles trouveront toujours un moyen de venir vous présenter leurs salutations peu distinguées. Preuve en est, le rayon insecticide des drogueries nippones est rempli au trois-quart de produits anti-gokiburi.


Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il y a le choix : répulsifs pour éviter les visites importunes, sprays annihilant les cafards, petites boites-attrapes bestioles, fumées asphyxiantes, tout est bon pour se débarrasser de ces immondices. Pratique me direz-vous !


Et pourtant, il y a deux semaines, le guerillero qui est en moi a dû déposer les armes : j'ai rencontré el diablo !



(Photo : Call of Duty)





Mardi 5 juillet 2016, 18h45, j'arrive tranquillement chez moi après une longue journée de travail.


Je me dirige donc vers mon immeuble et commence à monter les escaliers extérieurs avec prudence. En effet, la pluie diluvienne qui s'est abattue sur Tokyo toute la journée les a rendus un tantinet glissant, et il serait dommage de se fouler la cheville alors que l'été vient tout juste d'arriver.


Regardant mes pieds pour être sure de pas tomber, j’atteins maladroitement le palier et pars à la recherche de ma clé d'appartement dans ce vaste capharnaüm qu'est mon sac (cafard/capharnaüm, vous l'avez ?). La dite clé une fois trouvée, je lève alors les yeux vers le reste du palier. Et c'est là, à équidistance entre ma porte d'entrée et moi que je l'ai vu : un cafard deux fois plus gros qu'à l'accoutumée !


Ni une ni deux, je passe en mode gokiburi hunter et redescend les escaliers comme une furie direction le Drug Store du quartier, où j'achète le répulsif que j'ai l'habitude d'utiliser sur le champs de bataille.


Quelques minutes plus tard, me revoilà sur les lieux de mon futur crime, prête à en découdre. Ça va saigner !



(Photo : Le pistolet laser, la seule arme vraiment efficace!)




A l'afflux du moindre mouvement suspect, je commence à m'approcher prudemment de l'ennemi. Je baisse alors la gâchette et positionne le spray près de l'insecte de manière à ce que le jet l'atteigne tout en conservant une distance plus que correcte entre lui et moi.


Une pulvérisation, deux pulvérisations, trois pulvérisations, le nuisible se met à bouger et à grouiller dans tous les sens ! Pas vraiment étouffée par mon courage, je me mets moi aussi à sauter partout et commence à redescendre quelques marches de l'escalier en attendant que la mort ne vienne faucher le gokiburi.


Quelques secondes plus tard, je regagne le palier pour témoigner de ma victoire. Enfin… pas vraiment. En effet, au lieu de gésir sur le dos les pattes en l'air comme tout bon cafard décédé, el diablo me fait face, les antennes à l’affût et son corps de géant en train de gronder.


Prise au dépourvu, je le bombarde alors d'insecticide comme si ma vie en dépendait.


Douze, treize, quatorze pulvérisations plus tard, le cafard vit toujours ! Pire encore, la bestiole semble à cran et c'est moi qui commence à suffoquer sous l'odeur du spray.


Paniquée je rends alors les armes et fonce me réfugier au QG pour m'approvisionner en munition.





Aussitôt arrivée au Drug Store, je me dirige vers le rayon insecticide et j'alpague le premier vendeur qui passe en lui expliquant ce qui venait de se produire (mes cris de femme en détresse et mes bonds de cabris en moins).


Après m'avoir rassurée sur le fait que  « non, un cafard ça ne peut pas vous attaquer ni venir s’emmêler dans vos cheveux délibérément », le psychologue commerçant me propose d'essayer leur tout nouveau spray. Capable d'éliminer plusieurs espèces des cafards en une seule pulvérisation, ce répulsif est apparemment ce qu'il y a de plus efficace sur le marché de l'insecticide en ce moment. Pas besoin de m'en dire d'avantage : je le prends !





Munie de mon nouvel allié, je regagne alors le purgatoire. El diablo est toujours vivant et ne semble pas avoir bougé d'une patte.


Sans perdre plus de temps, je dégaine alors mon super spray et commence à asphyxier le gokiburi en enfumant l'ensemble du palier. Première surprise, l'insecticide semble efficace. En effet, papillons de nuit, petits cafards (tiens, il y en avait plusieurs ?!) et autres indésirables tombent comme des mouches si j'ose dire au contact de l'aérosol.


Ayant vidé la moitié de la bombe, je m'octroie une petite pause et me replie stratégiquement vers le haut des escaliers. Quelques secondes plus tard, je reviens sur les lieux de la débâcle. A ce moment c'est un cri d'effroi qui est sorti de ma gorge : el diabloa survécu !


Comme cette chose immonde a t-elle pu résister à une rafale de spray ?! Certes, il semble un peu affaibli, mais il est toujours en vie ! Décidément, ça ne finira jamais !


Je ne sais pas si c'est le stress, la fatigue accumulée depuis l'année dernière ou ma peur bien réelle des cafards qui m'a submergée, mais à cet instant précis, les larmes ont commencé à couler : JE DETESTE LES CAFARDS, JE DETESTE CET APPARTEMENT, JE DETESTE MON JOB, JE DETESTE MA VIE.






Vingt bonnes minutes à pleurer comme une madeleine en bas des escaliers et une pénurie de mouchoirs plus tard, je me ressaisis un peu : il faut bien que je rentre chez moi tout de même !


Analysons un peu la situation ! Je ne PEUX pas enjamber le cafard, j'ai vraiment peur, et ça me dégoûte. Je ne peux pas financièrement aller à l’hôtel (surtout pour un cafard!), et je ne peux pas demander d'aide à mes voisins, leurs lumières n'étant pas allumées ils doivent tous être absents. Alors que faire ? Retenter de l'exterminer ? Pourquoi pas.


Je remonte alors les escaliers, range les sprays dans mon sac et commence à m'avancer près du gokiburi avec la seule arme qui reste à ma disposition : mon parapluie.


19h50 : el diablo est enfin mort, lapidé à coups de pébroque, et je peux enfin rentrer manger de la crème glacée dans mon appartement en guise de victoire.



(Photo : L'arme fatale)




Comme je suis de nature généreuse, je me suis dit que ma longue expérience degokiburi hunter ratée pouvait bien servir à quelqu'un.


Voici donc en exclusivité la liste des produits que je recommande, et ceux que je vous conseille de bannir si vous ne voulez pas voir vos soient-disant cafards décédés revenir miraculeusement à la vie façon Walking Dead.






Les tops


1. La fumée asphyxiante



Mon number one, mon chouchou, ma vie ! J'en ai toujours de côté à la maison.


→ Les plus 


- Eradique ABSOLUMENT tous les insectes présents dans votre habitation. Adieux cafards,  mutants du style el diablo, araignées, fourmis, mouches, etc…


- Facile à utiliser ! Disposez une bonbonne dans chaque pièce de la maison, ouvrez les placards, appuyez sur la pédale de démarrage et fermez portes et fenêtres pour qu'aucun nuisible ne s'échappe.


→ Les moins 


- Ne peut pas être utilisé à l'extérieur.


- Très nocif. Il faut quitter l'appartement pendant 2h le temps que la fumée fasse effet. Une fois de retour, ouvrez vos fenêtres pour recycler l'air.


- Comme tout insecticide, il faut ramasser les cadavres une fois l'opération effectuée.






2. Le spray anti-gokiburi (black edition)



Le spray que j'ai utilisé contre El diablo ! Malgré tout, je le recommande pour la saison estivale.


→ Les plus 


- Elimine toutes sortes d'insectes : araignées, mouches, moustiques, cafards (non mutants ^^), fourmis, etc.


- Une à deux pulvérisations suffisent


- Peut être utilisé à l'extérieur


- Son odeur n'incommode pas les utilisateurs.


→ Les moins 


- Les gokiburi mutants lui résistent


- Cadavres à ramasser






3. Les spray anti-gokiburi (green edition)



Je le recommande pour la saison hivernale.


→ Les plus 


- Élimine bien les petits cafards et certains autres insectes comme les moustiques ou les fourmis.


- Bon rapport qualité /prix


- Utilisable à l'extérieur


→ Les moins


- Ne fonctionne pas sur les gros cafards, les araignées, et les mouches


- Odeur désagréable


- Cadavres à ramasser






Les flops absolus


1. Le spray cryogénisant de cafards



Si l'idée de retrouver son cafard en mode Hibernatus est séduisante, la réalité l'est beaucoup moins.


→ Les plus


- C'est rigolo ?!


- Il existe plusieurs degrés. De quoi multiplier les expériences  et produire des stats sur la congélation des cafards pour les plus scientifiques d'entre vous.


→ Les gros moins


- Le cafard ne meurt pas !


- Ramasser le cafard encore vivant. Et avec rapidité s'il vous plaît puisque qu'il faut le jeter par la fenêtre avant qu'il ne se dégèle (soit environ moins d'une minute avec un spray à -75°).






2. Le Gokiburi Hoi Hoi (aka la maison aux cafards)



Très populaire, cette petite boite contenant un sachet appétant est censée attirer les cafards. Une fois la bestiole à l'intérieur, elle devrait rester collée à la partie gluante et mourir de faim.


→ Les plus


- Il faut construire la boite (si vous êtes d'humeur bricoleuse…)


- On s'amuse longtemps ! Si vous êtes prêts à jouer à cache-cache avec un cafard pendant toute une soirée, le Gokiburi Hoi Hoi est fait pour vous (je ne juge pas, on a les loisirs qu'on a).


→ Les moins


- La méthode est longue et douloureuse pour l'animal (plusieurs jours pour qu'il meurt).


- L'efficacité du gokiburi Hoi Hoi dépend d'un paramètre hasardeux : l'envie du cafard d'aller dans la boite. Et d'expérience, je peux vous dire que c'est vraiment aléatoire. Autant certains y vont d'eux même, autant certains préfèrent se balader antennes à l'air dans votre salon pendant plusieurs heures et ne prêter aucune attention à la boite.






3. L'insecticide multi-usage



Il est soit disant efficace contre les petits cloportes, les araignées, les mouches et j'en passe.


→ Les plus 


- Je les cherche encore


→ Le moins ultime


- N'est efficace sur rien !



Conclusion


Sinon, vous avez toujours le parapluie…






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