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Bref, je vis de l’écriture au Japon






On a tous dans notre entourage cette personne dont ne connaît absolument PAS la profession. Soit parce que cette dernière a trop souvent changé d’orientation comme Julien, 28 ans, qui était graphiste à Villeurbanne avant de devenir peintre abstrait à Cergy-Pontoise pour vivre de sa passion (ou alors il était peintre à la base, puis la dure réalité de la vie l’a frappé et il est devenu graphiste, on ne sait pas très bien). Soit parce que son métier est juste très flou. Et que l’intitulé ne tenant pas en un seul mot, l’intéressé se doit de faire une description de sa fiche de poste à chaque fois que quelqu’un lui demande ce qu’il fait dans la vie.


Personnellement, JE suis cette personne. Et bien que les messages que vous m’envoyez parfois me laissent penser que je ne parle pas assez de ma vie professionnelle sur le net comme tout bon blogueur se doit de le faire, les appels de mes proches pour mon anniversaire au début du mois m’ont clairement fait comprendre que je devais peut-être expliquer un peu plus en détails comment je gagne mon riz.


En effet, AUCUN membre de ma famille ne sait vraiment ce que je traficote à Tokyo.

Pour ma mère je suis journaliste, pour mon père je suis agent de voyage, et pour ma grand-mère… eh bien pour ma grand-mère j’écris tout simplement des ‘’trucs'' (ce qui est probablement la description la plus juste qu’on ait pu faire de mes activités).


Afin d’arrêter d’être le Chandler Bing de ma vie, j’ai donc décidé aujourd’hui de remettre les pendules à l’heure !


Parce que je ne suis NI anthropologue, NI journaliste, NI agent de voyage, voici un résumé (très condensé) de mes activités professionnelles au pays du soleil levant et de la manière dont j’ai effectivement réussi à obtenir un visa pour écrire des ‘’trucs’’.





(Parce qu’on est tous le Chandler Bing de quelqu’un #VousAvezLaRèf)





Mon quotidien : entre articles en tout genre et itinéraires de voyage



Avant d’épiloguer sur mon quotidien hautement passionnant de rédactrice professionnelle de ‘’trucs’’ , dissipons tout malentendu et mettons-nous d’accord sur la définition d’un travail.


D’après le Larousse, un travail est « une activité professionnelle régulière et rémunérée ».


Tu as rempli Berçy quatre ou cinq fois dans ta tête mais tes talents musicaux n’ont jamais quitté la salle de karaoke ? La musique est ta passion, pas ton travail.

Tu as déjà fait un micro-trottoir de 3 minutes 50 sur Youtube sans aucune préparation et sans avoir touché un seul centime ? C’est chouette, mais tu n’es absolument pas vidéaste professionnel(le) et encore moins journaliste.

De la même manière, je ne suis PAS anthropologue parce que j’ai un master en anthropologie ou parce que j’ai pondu une dizaine de Question-Con Japon sur mon blog.

A contrario, je suis pigiste puisque les entreprises me paient pour que je rédige des articles sur le Japon, tout comme je crée des itinéraires de voyage en tant que ‘’Spécialiste Voyage’’ pour une-grande entreprise-tokyoïte-dont-on-taira-le-nom.



Vis ma vie de… pigiste


Désignant d’après ce même Larousse un « Typographe, journaliste, rédacteur, correcteur, etc., payé à la pige », un pigiste est tout simplement une personne qui vend ses écrits à la quantité.

Cette dernière se mesure alors selon le nombre de caractères tapés, selon le nombre de pages, ou selon le nombre d’articles rendus, et la rémunération sera définie par le prix attribué au critère quantitatif choisi. Les critères tout comme leurs prix sont généralement fixés par l’entreprise qui emploie le pigiste, et les écrits seront réglés à leur auteur à la fin du mois.


En gros, retenez ça.



Dire que je suis tombée dans l’encrier quand j’étais petite serait totalement faux.

J’ai commencé la pige il y a trois ans de cela, quand mon compte en banque avait grise mine et quand mon teint n’était pas des plus pimpants non plus. Je ne voyais alors aucune perceptive d’avenir dans ce que je faisais à l’époque, et j’avais autant besoin de m’aérer la tête que d’arrondir mes fins de mois. Lorsqu’une entreprise m’a contacté pour écrire des articles sur le Japon sans bouger de chez moi, j’ai donc évidemment sauté sur l’occasion !


Et c’est probablement le meilleur choix professionnel que j’ai pu faire jusqu’à maintenant !

Car non contente d’ajouter quelques yens à mon compte bancaire, j’ai également pu ajouter une nouvelle activité à mes passions. Une activité qui me permet de me renouveler sans cesse et d’apprendre constamment : l’écriture.



De fil en aiguille, la pige a alors pris de plus en plus de place sur mon CV. Et aujourd’hui, je travaille essentiellement pour deux types d’entreprises : les agences de voyage francophones qui désirent des articles touristiques sur le Japon ; et les entreprises basées au Japon qui désirent des articles en français pour attirer une clientèle francophone.

Ces articles peuvent alors porter autant sur le tourisme que sur la culture ou l’histoire de l'archipel, et il m’ait même arrivé de devoir écrire une fois ou deux fois sur des sujets administratifs !

Ces derniers ont néanmoins tous un dénominateur commun: le Français.


En effet, TOUS les articles que j’écris à la pige sont dans la langue de Molière !

Un choix de langue peu judicieux si on en croit les collègues anglophones dont les opportunités pleuvent (la pluie reste fine ne nous méprenons pas non plus), mais un choix réfléchi qui m’apporte une certaine stabilité professionnelle puisque je suis sous Contrat à Durée Indéterminée avec toutes les entreprises pour lesquelles je travaille. Et lorsqu'on aime comme moi la sécurité, avoir des filets quand on exerce généralement sans est un véritable plus !


A noter enfin que le Français est également ici un choix du cœur, qui me permet de m’amuser avec les mots tout en faisant une pause entre mes autres ‘’écrits’’ .



Vis ma double vie de… ‘’Spécialiste Voyage’’


Si l’appellation ci-dessus est entre guillemets, ce n’est pas un hasard.

En effet, je ne travaille absolument pas dans ma langue maternelle ici. Et le mystère qui entoure ma vie professionnelle doit probablement venir de là, puisqu’il m’est IMPOSSIBLE de mettre un mot en Français sur cette activité. J’ai beau cherché dans les fiches ‘’métiers’’ de l’ONISEP, non, ça n’existe pas !


Mon rôle ? Créer de A à Z des voyages au Japon que les agents de voyage étrangers achèteront et revendront à leurs clients.

La communication se fait ainsi en Anglais avec les agents, et en Japonais avec les entreprises annexes qui nous permettent de réaliser les tours (comme les hôtels par exemple).


Le fait de pouvoir travailler dans deux langues étrangères est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi ce job, tout comme le fait que je puisse me familiariser avec une forme d’écriture à laquelle je n’avais jamais touché auparavant. Une forme d’écriture plus commerciale et nettement moins informative que dans la pige, qui me demande également d'être capable de travailler avec les autres services de l’entreprise qui s’occupent de réserver les trains et les chambres d’hôtels de mes ‘’créations’’.


Dans la série des cordes-à-ajouter-à-ma-plume, j’ai aussi la chance de pouvoir évoluer dans une entreprise japonaise (les heures supplémentaires ne faisant pas forcément parties du package ‘’chance’’ de la chose) et d’avoir des perspectives d’évolution interne que la pige ne me permet pas.



(C’est pas que c’est difficile [comme cadence]. C’est que c'est sa mère-difficile-[comme cadence]-la-race-de-sa-grand-mère #VousAvezEncoreLaRèf)




Un visa, plusieurs employeurs ?



C’est en général la question qui suit lorsque j’évoque ma carrière de rédactrice de ‘’trucs’’ à un étranger très intéressé par le sujet du travail au Japon : peut-on obtenir un visa pour ça ?


Et bien la réponse est OUI !


A noter cependant qu’il faut réunir plusieurs critères pour disposer d’un visa via plusieurs employeurs.


Notes : le Japon possédant plusieurs types de visas travail ayant chacun ses propres règles, je ne parlerai ici que de celui que j’ai, à savoir le visa ‘’Specialist in Humanities/ International Services’’.



1 / Le self-sponsoring… qui a besoin d’un sponsor


Les agents de l’immigration vous le diront, ce n’est pas impossible d’obtenir un visa sans qu’aucune entreprise ne vous représente. Cela s’appelle le ‘’self-sponsoring’’, mais les conditions requises pour l’obtenir étant assez floues, cette option n’est pas très recommandée par le bureau de l’immigration lorsque vous désirez faire la demande de l’un des nombreux visas travail qui existent.

A contrario, déclarer plusieurs employeurs sur votre demande de visa est tout à fait envisageable si l’une d’entre elles joue le rôle du sponsor. Cette dernière est généralement celle qui vous rapporte le plus d’argent et son siège doit impérativement être établi au Japon.


2 / Des revenus japonais décents et prouvables


Le but d’un visa étant de vous permettre de vivre dans le pays qui vous accueille, il faut donc prouver que vous avez de quoi y vivre convenablement et que vos sources de revenus proviennent à 80 % du dit-pays. La somme totale de vos revenus doit être égale ou supérieure à 3 000 000 de yens par an (24 920 euros), soit environ 250 000 yens par mois (2 078 euros), et vous devez être en mesure de prouver votre embauche par des contrats de travail signés et datés (d’où l’importance des filets de sécurité dans la pige).


Pour ma part, j’ai des contrats pour l’ensemble de mes activités. Et l’entreprise d’itinéraires de voyage qui me sponsorise remplit à elle seule les critères financiers du visa. Le plus difficile pour moi a donc finalement été de trouver ces fameux contrats qui me garantiraient l’obtention du précieux sésame.


En effet, les contrats de travail dans l’écriture sont très rares et nécessitent une bonne dose de chance.

Personnellement j’en ai eu beaucoup, puisqu’en général c’est par le bouche à oreille qu’on a entendu parler de moi et qu’on m’a proposé les contrats de pigiste.


A contrario, pour l’offre de ‘’Spécialiste Voyage’’, j’ai dû passer 3 entretiens d’embauche pour la même compagnie.

J’ai trouvé l’offre en Japonais sur un site d’aide à l’emploi, et j’ai envoyé mon CV en Japonais et en Anglais (l’offrant stipulant de parler ces deux langues, d’avoir une expérience réussie dans le domaine du tourisme ou de la culture, et d’habiter depuis plusieurs années sur l’archipel).


Enfin pour ce qui est des revenus, les contrats ne mentionnant pas le montant exact de votre salaire mensuel (comme la pige par exemple) doivent être accompagnés de factures comme preuve de bonne foi.


3/ Remplir les conditions de base du visa visé


L’obtention d’un visa travail au Japon étant directement lié à la catégorie professionnelle du demandeur, le visa ‘’Travailleur Indépendant’’ n’existe pas. Il faut donc remplir les conditions d’accès de l’un des visas proposés par l’État pour vivre de vos activités sur l’archipel, quelles qu’elles soient.




(On ne va pas se mentir : c'est un peu à ça que ressemble la demande de visa aux yeux de l'immigration)



Et le blog dans tout ça ?



Je l’ai déjà dit haut et fort : je ne gagne absolument RIEN avec Miss Frenchy Japan ! Le blog est avant tout un espace personnel où je peux m’exprimer librement sur tout un tas de sujets, tout en étant un moyen de jouer sur ma manière d’écrire.


En effet, que ce soit par les interviews, les articles humoristiques, ou les recherches plus structurées que demandent les Questions-Con-Japon, Miss Frenchy Japan m’offre un panel de possibilités incroyables qu’on ne peut pas refuser lorsqu’on aime l’écriture. C’est un formidable atelier expérimental qui me permet aussi de partager mon amour de la culture japonaise, et pour rien au monde je ne me vois ''vendre'' les QCJ dont le ton et la longueur sont difficilement ''vendables'' de toute manière.

A contrario, cela ne veut pas dire non plus que le blog ne me sert à rien professionnellement puisque c'est un très bon porte-folio lorsque les entreprises me contactent (souvent par ce dernier d'ailleurs).


Enfin, Miss Frenchy Japan a aussi une dimension personnelle qui fait que je ne veux pas le monétiser. C'est un très bon journal de bord lorsque je ressens le besoin de faire mon auto-psychanalyse, et il me sert aussi d'outil de réponse lorsqu'on me pose collectivement des questions sur le Japon... ou lorsqu'on me demande ce que je fais dans la vie.





Conclusion


Je ne sais pas si je rédigerai des ‘’trucs’’ toute ma vie. Cela dit pour le moment, je suis plutôt satisfaite de ma situation. J’ai la possibilité d’évoluer, d’apprendre au quotidien, et surtout de diversifier ma manière d'écrire sans forcément me sentir ''piéger'' dans la routine. Avoir plusieurs employeurs est également un soulagement psychologique, puisque cela me laisse plusieurs portes ouvertes au cas où le ciel tournerait à l'orage.

Au final, la seule chose que je regrette à l'heure actuelle est que je ne puisse pas explorer davantage de styles (comme le documentaire ou la fiction par exemple). Mais qu’à cela ne tienne : je commence doucement à y remédier entre deux piges et un itinéraire de voyage !





Ressources utiles


AMBASSADE DE FRANCE AU JAPON

***Rubrique ‘’Travailler au Japon’’

Pour obtenir des conseils sur la recherche d’emploi sur l’archipel


BUREAU DE L’IMMIGRATION AU JAPON

Pour retrouver toutes les informations relatives aux visas au Japon ainsi que les documents nécessaires à leur obtention.


CHAMBRE DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE FRANÇAISE AU JAPON (CCFJ)

Les amis de la CCFJ offrent des supports dans la recherche pour l’emploi au Japon



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