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Doit-on être prêt à tout pour rester vivre au Japon ?


( sources : libreshot)


Entre l'investiture de Donald Trump, la passion un brin envahissante de M. Kim pour les joujoux explosifs, la mort de Johnny, l’élection d'Emmanuel Macron, et j'en passe, on peut dire que l'année 2017 aura été pleine de rebondissements !


Pour ma part, cette année a avant tout été celle des prises de décisions : j'ai quitté mon job, j'ai déménagé, j'ai repris mes études, et surtout, j'ai décidé d'adopter une nouvelle philosophie de vie à base d'estime et de respect pour moi-même (je vous le conseille, ça change une vie).


Je vous arrête tout de suite, le fait que je lise les articles de Femmes d'Influence n'a rien à voir avec ça. J'ai tout simplement pris le temps de me poser une question cruciale que tous les expats-Japon devraient se poser un jour : jusqu'où es-tu prêt(e) à aller pour rester vivre ici ?







Problèmes de santé, précarité, et nerfs qui lâchent



Comme vous le savez, j'étais professeure de FLE (Français Langue Étrangère) à Tokyo depuis 2015. Est-ce que j'aimais mon métier ? Assez. Est-ce que j'aimais mes conditions de travail ? Joker.


Travailler dans une école privée de FLE sur la capitale japonaise, c'est comme aller voir le dernier film de Luc Besson, à première vue ça paraît sympa, mais dès les premiers instants on se rend compte que ce n'était pas l'idée du siècle.





Mon travail était simple : enseigner le français à des élèves de tous âges et de tous niveaux, des petites mamies désireuses d'apprendre la langue de Molière par passe-temps, aux étudiants se préparant au DELF (diplôme en langue française nécessaire pour aller en échange universitaire en France), en passant par les employés de bureau ou de l'industrie du tourisme voulant perfectionner leur français pour des raisons professionnelles. J'avais aussi bien des cours particuliers que des classes de petits groupes, et mes élèves étaient tous très sympathiques. Ce qui l'était moins ? Les conditions de travail.



J'enseignais une vingtaine d'heures par semaine (hors préparations des leçons), maximum qu'il est possible d'avoir en général dans une même école, et je n'étais payée QUE pour mes cours. Comprendre ici : préparations de cours non rémunérées (et venir sans cours, ça fait brouillon), pas de complémentaire santé, pas de cotisations à la retraite, pas d'assurance chômage, cours du soir (20h-22h) au même tarif horaire que les cours de la journée, et pas de congés payés. NI les weekends, NI les jours d'arrêts maladies, NI les vacances. Oui, j'étais pauvre.


Mon salaire moyen oscillait alors entre 1 100 euros et 1 300 euros par mois. Quelquefois j'ai atteint les 1 500 euros lorsque je faisais des remplacements, des leçons d'essai ou lorsque je distribuais des flyers, mais c'était plutôt rare. Après, je ne vais pas me plaindre : je travaillais dans l'une des écoles les mieux payées à l'heure de Tokyo.







Malheureusement, même si la paie horaire était bonne, le fait qu'il n'y ait ni assurance ni sécurité de l'emploi restait assez gênant.


Au Japon, il est coutume de se “créer” sa propre couverture sociale. Que se soient pour les soins médicaux ou pour la responsabilité civile, les Japonais ont l'habitude de souscrire à une assurance complémentaire, l'assurance santé obligatoire ne remboursant que 70 % des frais médicaux et ne prenant pas l'ensemble des soins en compte. Prix de la chambre d’hôpital, orthodontie, vaccins, accouchement naturel, check-up complet, ou encore accidents sur le lieu de travail ne sont par exemple pas pris en charge par l'assurance nationale.


Le prix de ces assurances complémentaires varient bien évidemment d'une compagnie à l'autre, mais à moins de 20 000 yens par mois (150 euros), il est très difficile de trouver une bonne complémentaire. Et cela se complique encore pour ce qui est de la cotisation à la retraite lorsqu'on est étranger ! Pour faire simple, vous n'avez que deux solutions : mettre de l'argent de côté, ou prendre une assurance à la Caisse des Français à l'Etranger à 300 euros par mois. Autant vous dire que dans les deux cas, je n'avais pas les moyens.



(Photo : Montants informatifs des cotisations retraite de la Caisse des Français à l’Étranger (source : CFE))




Pourtant, j'aurais dû anticiper et tenter de me renseigner un peu plus sur la situation des professeurs de FLE au Japon avant de postuler à ce genre d'offres ! Car bien qu'il n'y ait aucun blog parlant concrètement des conditions de travail dans ce genre d'écoles, il reste les sites du gouvernement et autres institutions officielles pour prévenir les expatriés. À l'image de l’Association des Français du Japon, établie en 1951 sous l'égide de l'Ambassade de France :


« … l'enseignement de la langue française, travail pour lequel les Français ont un avantage naturel, bien que les employeurs sérieux demanderont toujours une formation et une expérience adéquate. Les conditions de travail varient grandement entre les postes de titulaires en universités japonaises (de plus en plus rares) et les postes de vacataires dans des petites écoles privés non certifiées, où les conditions de travail sont souvent précaires »

(Association des Français et Francophones au Japon)





C'est pourquoi j'ai voulu cumuler plusieurs petits boulots d'enseignements. Mais lorsque vous avez un visa sponsorisé par une entreprise il n'est pas forcément simple, ni judicieux, d'aller travailler chez le concurrent. D'autant plus que votre emploi du temps ressemble à une meule d'emmental ! Vous pouvez très bien travailler de 10h à 22h en ayant plusieurs heures de pause non consécutives dans la journée. Sans oublier que vous devez rester disponible un maximum pour les éventuelles leçons d'essai qu'on ne peut pas prévoir et qui fleurissent du jour au lendemain comme un bouton sur le front. Autant le dire tout de suite : cumuler les jobs dans plusieurs établissements, ce n'est pas recommandé.




Une seule option reste alors possible : donner des cours privés dans des cafés. Or, si vous êtes un temps soi peu soucieux de votre travail, vous allez vite vous rendre compte qu'enseigner correctement le français dans un Starbuck plein à craquer avec le brouhaha ambiant qui y règne, ne fournit pas de bonnes conditions d'apprentissage pour l'élève, que se soit pour assimiler les points de grammaire, ou ne serait-ce que pour travailler l'écoute, qui à moins d'utiliser un I-pod avec tous les textes audio dessus, se révélera quasi-mission impossible. Bien évidemment, vous pouvez très bien ne faire que de la conversation en français contre un thé chaud et quelques yens, mais on ne va pas se mentir, ça s'apparente à un job d’hôtesse, et c'est très malaisant.



(Quand ton “élève” veut t'inviter à le voir en dehors du Starbuck pour des activités n'ayant aucun lien avec le français)




Les écoles de FLE fonctionnant comme des baito de par leur système de rémunération,ce n'est donc pas très simple de joindre les deux bouts lorsqu'on vit à Tokyo. Personnellement, je m'en sortais relativement bien. Et même si la moitié de mon salaire passait dans le loyer, en deux ans j'ai réussi à économiser près de 900 euros ! Du haut de vos salaires français ça peut paraître ridicule, mais j'avoue être assez fière des petites économies que j'ai réussi à faire. Après bien évidemment, je ne menais pas la belle vie : je payais mon loyer et je mangeais. Point.




Est-ce qu'on peut construire une vie entière sur ça ? Non ! Mais je me disais que comme j'avais la chance de travailler dans le pays de mes rêves, ce n'était pas si mal. Après tout, j'aurais eu tout le temps de chercher autre chose un peu plus tard lorsque mon niveau de Japonais aurait augmenté.


Le souci, c'est que je n'ai jamais vraiment eu le courage d'étudier après le travail. Tout d'abord parce que j'étais fatiguée de mes journées (on dira bien ce qu'on veut mais l'enseignement demande beaucoup d'énergie), mais aussi parce que depuis quelques mois j'avais développé une forte anémie. Je m'évanouissais pour un rien, et j'avais constamment la tête qui tournait, si bien que les quelques semaines avant ma démission,mon médecin avait doublé la dose de mon traitement journalier !



À ce moment-là, vous vous dites sûrement : « Mais pourquoi tu n'es pas rentrée en France ? ». Tout simplement pour la même raison qui a fait que j'ai travaillé à l'équivalent du SMIC français pendant un an et demi : je voulais ABSOLUMENT rester au Japon ! Je veux dire, m*rde j'ai fait plusieurs années d'études pour, c'est une culture que j'adore, et j'ai réussi à faire un gros travail sur moi en étant ici, alors des conditions de travail pas idéales sur le long terme et neuf de tension ça n'allait pas m'arrêter !







Mais voilà, lorsque j'évoque les conditions de travail des écoles privées de FLE, j'omets un petit détail : l'ambiance !


Parce que si tout le monde est très sympathique avec vous au début, vous vous rendez-vite compte qu'il y a parfois un léger souci de management dans ce genre d'établissement, et une légère tendance à casser le moral des professeurs et/ou leur estime d'eux-mêmes.


Plutôt que de faire un long discours, je vous liste donc en exclusivité, ce que j'ai pu entendre sur plusieurs écoles privées de français de la capitale japonaise, vous m'excuserez au passage si je brise quelques rêves de carrière. Dans certaines écoles, vous :


- Passez des entretiens pour un poste de prof, pour apprendre au final que vos fonctions seront de nettoyer l'école, laver les carreaux et ranger la paperasse du directeur. En somme, un poste d'agent d'entretien.


- Passez plus de temps à distribuer des flyers qu'à enseigner.


- Êtes licencié du jour au lendemain. Voire du matin pour le midi. Et comme il n'y a aucune assurance, c'est  zannen ( ざんねん, dommage) comme on dit chez nous.


- Êtes victime d'harcèlement moral, et ce jusqu'à ce que vous partiez. La méthode ? Le chômage technique où on donne tous vos cours à quelqu'un d'autre sans vous prévenir, les coups bas des collègues de travail, le sabotage de cours, ou encore les injonctions dans le service disant qu'on ne doit plus vous adresser la parole. Méthode, certes assez proche d'un groupe de collégiennes en pleine puberté, mais qui se révèle très efficace sur le long terme.


- Êtes en PVT (visa vacances-travail d'une durée d'un an), on vous promet le visa et… Non. Vous vous rendez alors compte qu'on vous a exploité jusqu'à l'os et que ça sonne le retour forcé au bercail.



Personnellement, je n'ai pas eu à vivre ça. Heureusement ! Cela dit, l'ambiance n'était pas toujours au beau fixe non plus : on tendait l’oreille sur mes cours alors qu'il y avait un suivi des élèves par écrit ; j'avais ordre de ne pas rester trop longtemps près de la secrétaire dans le petit salon d'accueil parce que “ça la stressait’‘ ; et je me souviens aussi d'une fois où le directeur est venu me voir suite à mon premier changement de visa (PVT à ’'Travail”) pour me dire que la dite secrétaire voulait qu'il trouve un autre professeur. Sachant qu'il venait de signer les papiers nécessaires à ma demande de visa, je me suis sentie incroyablement considérée et appréciée au sein de l'entreprise.



Encore une fois, je me suis dit que ce n'était pas grave. Après tout, il y a des couacs sur tous les lieux de travail et dans tous les milieux professionnels. C'est rare de tomber sur l'établissement parfait ! Surtout que globalement l'ambiance restait correcte, et que le directeur me donnait même de bons conseils pour progresser dans le métier… la première année.



En effet, tout à changer lorsque j'ai finalement eu mon visa “travail”, le fameux sésamedont tous les expats rêvent.


Je ne rentrerais pas dans les détails, mais on m'a très bien fait comprendre que soit j'acceptais de faire tout ce qu'on me demandait, soit on ne renouvellerait pas mon visa l'année suivante. Mon meilleur souvenir  ? J'hésite entre la fois où on m'a demandé de distribuer des flyers les weekends sachant que mes autres collègues n'ont pas eu cette proposition et que la distribution de flyers apporte peu de nouveaux élèves (proposition que j'ai bien évidemment refusée parce que je tenais à mes jours de congés à défaut de tenir debout) ; ou le mail m'informant que j'avais fait une erreur dans la progression d'une élève, remarque justifiée, qui me rappelait également plus ou moins gentiment qu'il fallait que je fasse des efforts si je voulais qu'on renouvelle mon visa parce que, ne nous leurrons pas, je ne serais de toute façon jamais rien d'autre qu’une prof de français, remarque qui pour le coup était somme toute moins justifiée.



J'avoue que je n'étais pas l'employée modèle : je tombais dans les yuzu une fois tous les deux mois, je ne faisais rien pour arrondir les angles avec la secrétaire puisque je n'étais pas à l'aise en japonais, et ça m'arrivait de remettre en recto des feuilles qui auraient du être mises en verso dans les classeurs de cours. Mais quand on me faisait une remarque je la rectifiais de suite ! Et sans broncher, contrairement aux anciens collègues avec lesquels j'ai débuté qui ont tous démissionné.



Parce que oui, du turn-over dans les écoles de FLE il y en a ! Entre les gens qu'on jette licencie et ceux qui démissionnent de gré ou de force, il est rare de trouver des professeurs qui travaillent plusieurs années de suite dans un même établissement. Je ne dis pas que ça n'arrive pas, mais bien souvent ces personnes-là travaillent dans plusieurs endroits à la fois et n'ont pas à se soucier de leur visa puisqu'ils possèdent un spouse visa (un visa “mariage”).







Avant d'aller plus loin, récapitulons un peu ma situation à ce moment-là : j'ai un job précaire ne débouchant sur aucune évolution de carrière possible et qui ne me plaît pas plus que cela sans pour autant me déplaire, l'ambiance se détériore, j'ai le sentiment d'être une moins que rien, et ma santé en pâtit. Est-ce que je veux rentrer en France ? Pensez-vous ! Je n'ai ni le temps ni l'argent de profiter du Japon, mais je veux rester dans ce pays coûte que coûte, quitte à y vivre une vie plus que médiocre.


Autant vous dire que lorsque mes parents sont venus me voir au printemps, ils m'ont donné l'opportunité forcée de réfléchir sur le sens de ma vie.






Remise des pendules à l'heure, conseils foireux, et prise de conscience



« Tu démissionnes », c'est la décision unanime du conseil de famille qui a eu lieu en avril dernier. Autant vous dire que je ne faisais pas ma fière et qu'il a fallu beaucoup de patience à mes parents pour me faire entendre raison.


J'aimais le Japon. Mais je n'avais aucun avenir sur le long terme à continuer comme ça. Certes j'avais le fameux visa “travail”, mais est-ce que ça en valait la peine ? Est-ce que ma santé valait le coup d'être sacrifiée pour un bout de papier ? Est-ce que je me voyais travailler encore comme ça pendant des années à faire malaises sur malaises ? Dans une branche où les conditions de travail ne sont pas bonnes ? Et où j'ai l'impression de me décevoir et de décevoir ceux qui pensaient que j'étais venue ici pour m'épanouir ? Non !



J'ai vraiment mis du temps à me faire à l'idée que je devais quitter ce job. J'avais ma petite routine, et je déteste l'inconnu ! Donc revoir ma copie et trouver un plan B est de suite devenue ma priorité. À dire vrai, j'ai repris le plan A.


J'étais venue au Japon dans le but d'évoluer dans la recherche ou dans la communication, alors pourquoi me suis-je éloignée de cet objectif ? Parce que je ne pouvais pas financer mes recherches ? Parce que mon niveau de japonais était trop bas pour aboutir à mes projets ? Parce que me tourner vers le FLE était la solution de facilité ? Probablement pour toutes ces raisons à la fois. C'est pourquoi j'allais reprendre des études. Au Japon ou en France, ça par contre c'était encore un paramètre non-résolu. Avant tout, il fallait que je rentre quelque temps pour me refaire une santé.






J'ai démissionné au mois de juillet. J'étais triste, un peu perdue, mais en même temps contente de me dire que je pourrais enfin me reposer physiquement et psychologiquement.


Et le résultat ne s'est pas fait attendre : ma tension est remontée d'un coup ! En quelques semaines, j'ai dit adieu au béton que je côtoyais de trop près depuis plusieurs mois, à ce poids sur la poitrine qui m'empêchait de respirer, et aux médicaments que je prenais comme des bonbons. Oui, je m'étais rendue malade toute seule. Et mon anémie n'était sûrement que le fruit d'une grosse somatisation. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle en soi, si on omet le fait que j'ai certainement des tendances dépressives cachées…



Entre temps, on m'a donné beaucoup de conseils. Mon père voulait finalement que je reste au Japon et que je postule comme professeur de FLE à l'université parce que son ami japonais lui avait dit qu'on pouvait s'y faire beaucoup d'argent ; et le dit ami m'avait arrangé un entretien dans une des meilleures écoles de FLE de Tokyo. Entretien qui s'est déroulé avec succès puisque je repartais avec le contrat et une extension de visa si je n'avais pas laissé l'offre sans suite au dernier moment lorsque j'ai appris que les conditions de travail étaient les mêmes que celles de mon ancien établissement, le salaire horaire un poil supérieur.







Ayant définitivement fait une croix sur le FLE au Japon, je me suis mise à écouter d'autres conseils. Cette fois-ci, c'est sur l'intégrité du genre humain que j'ai fait une croix.


À la tête des suggestions qui m'ont été données pour tenter d'avoir de bonnes conditions de vie au pays du soleil levant ? Vous le voyez venir comme le prélèvement de votre taxe d'habitation au mois de novembre : le mariage !


En effet, le spouse visa est le deuxième sésame de l'eldorado des titres de séjour au Japon. Très pratique, ce dernier vous permet d'exercer toutes les professions que vous souhaitez sans être contraint de vous cantonner à un seul corps de métier contrairement aux différents visas “travail” qui existent. Cela signifie également que vous pouvez quitter les postes qui ne vous conviennent plus sans craindre de perdre votre titre de séjour. Et cerise sur le gâteau, le spouse visa est un tremplin vers le visa permanent, puisque ce dernier peut faire l'objet d'une demande après 3 ans de mariage contre 10 ans de bons et loyaux services au sein d'une même entreprise (bien que dans les deux cas on prenne en compte vos ressources financières).




Vous l'aurez donc compris, ce visa est très convoité. Au point où il apparaît même pour certains comme la solution ULTIME à leur problème de précarité et d'extension de séjour.


Parce que oui, en 2018, il y a encore des personnes qui pensent que se marier pour obtenir un visa est une bonne idée ! Pire encore, il y a même des Français dont l'objectif professionnel se limite à trouver un ou une Japonais(e). Je pensais que ce n'était qu'un mythe qui hantait les forums douteux du web francophone, mais j'en ai vu !


Nouvelle tendance également qui pourrait faire l'objet d'un article à lui tout seul : les Européens qui viennent au Japon dans l'unique but de trouver l’amour.


On ne sait pas bien si c'est parce qu'ils courent après le visa mariage ou si c'est parce qu'ils sont atteints de la fièvre jaune, cette manie de ne vouloir sortir qu'avec des Asiatiques, mais toujours est-il que c'est glauque !


Ils passent de relations en relations avec les premières personnes venues qui rentrent un minimum dans leurs critères, critères qu'ils ont baissé un maximum au préalable, et espèrent que ça débouche un jour sur un mariage façon Lady Di. Peu importe s'ils n'ont strictement rien en commun avec le partenaire japonais à part un amour incommensurable pour les sushi, et s'ils ne se seraient probablement même pas intéressés à cette personne si elle avait résidé en France, l'important c'est d'avoir son ou sa japonais(e) pour la vie au pays du soleil levant. Là encore, ce n'est pas un mythe ! Et bien souvent ces personnes-là ont tendance à cumuler les petits boulots et les situations précaires jusqu'à ce qu'ils arrivent enfin à leur objectif, le travail n'étant ici qu'un moyen de gagner du temps avant d'arriver au mariage.



J'essaie de ne pas juger, j'essaie vraiment, mais comment peut-on en arriver là ?


Sûrement par le même chemin qui m'a poussé à travailler dans de mauvaises conditions pendant un an et demi : une mauvaise perception des priorités.






Ma nouvelle philosophie



Est-ce que j'épouserais mon copain au bout de quelques mois si j'étais en France ? NON ! Et est-ce que je travaillerais sans protection sociale pendant plusieurs années ? NON PLUS !



Dans l'optique de m'éviter de nouvelles erreurs de parcours, j'ai décidé de prendre de bonnes résolutions avant l'heure et d'appliquer le raisonnement suivant : ne fais rien à l'étranger que tu ne ferais pas dans ton pays d'origine même si c'est une solution de facilité.



Si j'avais été en France, j'aurais refusé de travailler dans ces conditions. Si j'avais été en France, j'aurais répondu tout aussi sèchement aux mails sans tact qu'on m'envoyait en rappelant au passage que les syndicats existent. Et si j'avais été en France, j'aurais pris le temps d'essayer de réaliser mes rêves professionnels.


Vous me direz que le Japon n'est pas la France. Certes, mais doit-on tout accepter pour rester coûte que coûte dans un pays qu'on affectionne ? Je ne crois pas.



Si j'ai décidé d'écrire cet article, c'est pour interpeller. D'une part sur les conditions de travail du monde du FLE au Japon, mais surtout sur le fait qu'être tristement près à tout pour rester sur l'archipel n'est pas la meilleure des choses à faire.



Si vous vous voulez réellement faire du FLE au Japon, réfléchissez-y à deux fois ou bien tenter l'université. Certes les places se font plus que rares et les conditions d'entrée sont sévères (master ou doctorat de FLE avec recherches en cours et recommandations d'un universitaire, à défaut des écoles privées ou la licence de FLE suffit), mais le salaire est fixe.


A contrario si vous voulez faire du FLE dans l'unique but de vivre au Japon, je vous laisse relire l'ensemble de l'article.


Bien évidemment, il y a probablement des écoles où l'ambiance est bonne (et d’ailleurs la dernière école où j’avais eu mon entretien semblait très sympathique sur ce point), mais pour ce qui est des conditions de travail, elles sont malheureusement quasi toutes identiques aux quatre coins de l'archipel. Après, cela peut aussi avoir des avantages. Et si vous êtes à la recherche d’un simple baito, cela peut être une bonne option.


Néanmoins, si vous voulez à tout prix vivre au Japon sur le long terme, trouver un job qui vous plaît et qui vous donnera de bonnes conditions de vie reste primordial ! On passe plus de temps au travail que chez soi, alors autant mettre toutes les chances de son côté pour que ça se passe bien.


Cela semble sûrement évident pour une grande partie d'entre vous, mais mon expérience des forums Japon et les messages que je reçois parfois en privé via le Facebook du blog me laisse penser que ça ne l'est pas pour tout le monde. Ça ne l'était pas pour moi il y a deux ans et demi.



Aujourd'hui, je me sens mieux. J'ai repris des études, j'ai affiné mon projet professionnel, je n'ai plus d'anémie, et je remplis mon frigo en tant que journaliste freelance. Mais surtout, j'ai revu le sens de mes priorités et j'ai compris qu'il fallait avant tout se respecter soi-même. Contrairement à ce qu'on a pu me dire, ce n'est en aucun cas de la prétention que de vouloir sortir d'une mauvaise situation, mais c'est de l'irresponsabilité que d'y rester. Et ça, c'est valable quel que soit le pays dans lequel vous vivez.



 




L'instant Playstation



PS1 : J'avais longuement hésité à parler de cela sur le blog. D'une part parce que je n'aime pas beaucoup parler de ma vie privée, et d'autre part parce que j'avais tout simplement peur d'en parler. J'ai l'impression qu'il existe un gros tabou sur le monde de l'enseignement du FLE dans les écoles privées au Japon et que personne n'ose parler ouvertement de ce qui se passe là-dedans de peur d'être mis sur liste noire.


Mais comme je pense que les blogueurs-expats sont aussi là pour “avertir” les voyageurs ou futurs expatriés de ce qui se passe de bien comme de moins bien dans leur pays d'accueil, je me suis dit que je pouvais publier ce texte. On fait tous des erreurs, alors si on peut apprendre de celles des autres, c'est tout aussi positif.


Depuis l'année dernière, je recevais également pas mal de messages de lecteurs me demandant des renseignements sur mon job. Bien évidemment, j'évitais d'en parler. Je m'excuse donc auprès de tous ceux à qui je n'ai donné que des réponses évasives, vous avez maintenant les explications.


Je tiens également à rappeler que ceci est un avis personnel, un récit d’expérience. Ce n’est en aucun cas une critique ouverte sur le monde du FLE et j’estime que tout le monde a le droit de faire ses propres expériences. Personnellement, ces conditions de travail ne me convenaient pas, mais peut-être que pour d’autres cela peut s’avérer tout à fait convenable après tout.



PS2 : A toutes les personnes que j'ai croisées et qui m'ont dit que j'étais folle de renoncer à un visa “travail” pour prendre un visa étudiant, sachez que lorsque vous me dites que vous êtes prêts à faire n'importe quel boulot du moment que ça vous fournit un visa, de vous à moi, je suis de loin la plus censée et la plus raisonnable. Grosse dédicace également à toutes les personnes qui m'envoient des messages pour me demander desastuces pour « passer toute sa vie au Japon quel qu'en soit le prix » : la prochaine fois, je vous envoie l'article en PDF accompagné de baffes numériques !



PS3 : J'anticipe les critiques que j'ai faites dans cet article à propos des personnes ayant un spouse visa : je ne mets bien évidemment pas tout le monde dans le même panier. Bien sûr que non ! Et la plupart des personnes de mon entourage qui sont mariées à des Japonais(es), ont sauté le pas après plusieurs années de relation. Les seules personnes que je critique ouvertement sont celles qui vont se marier au bout de six mois, soit pour être certaines d'assurer leur arrières, soit parce qu'elles sont atteintes de la fièvre jaune. Bien évidemment, chacun voit midi à sa porte. Et chacun est libre d'épouser qui il veut quand il veut. Mais je tenais absolument à parler de ce phénomène dans cet article puisqu'il rentre en compte selon moi dans la série des “choses qu'on ne ferait pas aussi naturellement dans son pays d'origine”. Je veux dire, vous en connaissez beaucoup des Français âgés de 20 à 30 ans qui vont épouser leurs petit(e)s-ami(e)s au bout de quelques semaines ? Personnellement, ça ne me viendrait pas à l'esprit d'épouser un homme au bout de cinq mois sachant que j'entretiens une relation avec un de mes mascaras depuis beaucoup plus longtemps !








Sources


- Association des Français à l’Étranger : http://www.afj-japon.org/index.php?id=6


- Caisse des Français à l’Étranger: https://www.cfe.fr/


- WIKIPEDIA, National Health Insurance in Japan, wikipedia.org. [En ligne] à l'URL:https://en.wikipedia.org/wiki/National_Health_Insurance_(Japan)



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