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L'Hotel Ohito






Au mois de mai, j'ai passé deux jours à l’hôtel Ohito, un onsen de la préfecture de Shizuoka.



Tout a commencé deux mois auparavant lorsque je suis tombée par hasard sur une publicité pour la chaîne d’hôtels Itoen. Sa particularité ? Elle propose des séjours d'une à plusieurs nuits au bord de sources chaudes tout droit sorties des montagnes environnantes.


Ces stations thermales, dites “onsen”, sont une véritable institution au Japon : que cela soit en famille, en couple ou entre amis, les Japonais adorent venir se prélasser dans une eau avoisinant les 40°C en contemplant le paysage.


Car si ces établissements disposent de bains publics en intérieur comme tout bon centre de thalasso le ferait, ce sont leurs bains en extérieur qui ont la préférence de la clientèle, puisque ces derniers débouchent généralement sur un jardin zen ou un paysage de montagne.


Après avoir écumé le site de la chaîne sous tous les angles pour trouver la formule qui me conviendrait le mieux, j'ai donc arrêté mon choix sur l’hôtel Ohito, à une heure et demie de train de la capitale.




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Perdu dans les montagnes de Shizuoka, l’hôtel Ohito tire son nom de la petite bourgade de la péninsule d'Izu qu'il surplombe. Niché à plusieurs mètres d'altitude, il offre ainsi une vue imprenable sur le Mont Fuji et sur la rivière Kano.


Pour atteindre ce petit coin de paradis, il vous faudra donc chausser vos baskets et s'armer de courage pendant 30 minutes pour grimper les effroyables mètres qui séparent l’hôtel de la gare. Vous pouvez aussi économiser votre sang et votre sueur, et attendre tranquillement la navette gratuite de l’hôtel, conduite par un charmant vieux monsieur, qui vous déposera sans effort sur le palier de l'établissement. On se demande ce que j'ai choisi…



(Photo : la gare d'Ohito, à dix mille lieues du tumulte de Tokyo)




A peine arrivée à l’hôtel, je me retrouve déjà en état de choc !


Ce n'est pas l'immensité du domaine de plusieurs kilomètres de verdure, ni même la grandeur du hall d'entrée accueillant la boutique souvenir et le petit salon de la station thermale, qui m'ont le plus surprise, mais la moyenne d'âge des clients attendant patiemment l'heure du checking : suis-je réellement la seule personne de moins de 40 ans qui pense que l'on peut apprécier les sources chaudes sans avoir de l'arthrose ou des douleurs musculaires post-soixantaine ?

Certes, le dépliant expliquait que l'eau issue des montagnes voisines était tout indiquée pour soigner les rhumatismes, mais il y avait aussi deux charmantes japonaise en yukatasur la photo de couverture !


Ajouté à cela le fait que je sois la seule personne typée “occidentale” du hall, et vous comprendrez aisément mon étonnement.


Quoi qu'il en soit, je fais fit de cette gêne occasionnée par mon jeune âge, et vient m'asseoir entre deux mamies dans le petit salon, en attendant l'heure de l'enregistrement.





(Photos : le hall de la maison de retraite l'hotel Ohito)





15h : je me dirige vers la réception afin de prendre possession de mes clefs.


Après avoir réglé mon séjour, complété le formulaire de renseignement et choisi ma plage horaire pour accéder au buffet (17h30-19h ou 19h-20h30), je me dirige vers le présentoir à Yukata installé à gauche de l'accueil pour prendre le “petit cadeau de l'établissement”, avant de monter dans ma chambre.


Deux étages plus haut, j'ai alors le deuxième choc émotionnel de ma journée : la suite est SU-BLI-ME !






A l'entrée de la chambre, un espace cuisine/bus de toilettes contient tout le nécessaire pour se pomponner et se désaltérer. Plus loin, une salle de 10 tatami contenant futon, table basse, TV et petites douceurs de bienvenue invite à contempler l'art de l'aménagement à la Japonaise : lignes épurées et couleurs chaudes, tel est le comble du raffinement au pays du soleil levant.


Enfin, la suite aboutie à une terrasse en bois sur laquelle se trouve la salle de bain en plein air, ainsi que le onsen privé… avec vue directe sur le Mont Fuji !







(Photos : un espace incroyable, des équipements de standing, je vis un rêve)




Sur un petit nuage, je dépose alors mes affaires dans le placard à futon et décide de me mettre en yukata.


Manipuler un kimono ou un yukata, ça s'apprend. Il y a même des cours pour cela un peu partout sur l'archipel et visiblement j'aurais du y mettre les pieds : si une poule avait trouvé un couteau, elle couperait du pain avec plus de panache que je ne mets un yukata.


Dois-je m'enrubanner là-dedans façon crêpe Wahou ? Y-a-t-il un sens pour draper le tissu ? Pourquoi ce dernier est-il asymétrique au niveau de mes chevilles ? Et comment faire tenir le tout avec cette maudite ceinture ? Que de questions qui restent sans réponse !


Après un bon quart d'heure de lutte acharnée avec ce bout de chiffon, je “réussi” enfin à en faire un semblant de yukata. Certes, le drapé n'est pas assez serré, on dirait que j'ai pleuré pour l'avoir et cela me va comme à une moufle, mais ça fera l'affaire pour parader dans l’hôtel au milieu des sexagénaires.



(Photo : bref, j'ai essayé de mettre un yukata)




Fin “prête”, je peux enfin profiter des activités de l’hôtel : bains publics, salle de karaoké, ma-jong, tennis, appareils de relaxation plantaire, tout est mis en place pour que vous passiez un agréable séjour sous le signe de la détente et du bien-être.


Tenant le Karaoké en horreur et n'étant ni intéressée par le ma-jong ni par les activités sportives, je m'oriente vers un après-midi cocooning. Au programme : trempette à l'ombre du Mont Fuji et découverte du domaine.






Serviette à la main, je me dirige vers l'espace spa de l'établissement. Deux fauteuils à massage où mamie et papy piquent dangereusement du nez plus tard, me voilà devant les vestiaires du bain public féminin. En effet, il y a trois onsen dans l'hôtel : un bain mixte en plein air, et un bain pour chaque sexe en intérieur.


Je choisis un casier et commence à faire tomber le yukata en dessous duquel je porte mon maillot de bain, quand mes clefs de chambre tombe. Je me baisse alors pour les ramasser et me retrouve nez à raie avec les fesses flasques d'une petite mamie. Oui, j'avais oublié : au onsen, on se baigne nue !


Un peu refroidi par ce petit “mémo”, j'enlève à contre coeur mon deux pièces, sort des vestiaires et me précipite les mains sur la poitrine et les jambes serrées le plus que possible vers le bain.


La salle d'eau est magnifique : à l'entrée de cette immense pièce, des douches sont disposées pour que les clientes se débarbouillent avant et après leur baignade, et au centre, deux bacs communicants remplis d'eau chaude donnent sur une baie vitrée depuis laquelle on peut contempler le jardin.


Dans l'eau, la moyenne d'âge avoisine les 65 ans, mais l'ambiance est décontractée : on papote et on admire la vue du parc. Est-ce la chaleur ou la vue de toutes ces poitrines qui m'a mis mal à l'aise, je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, je sors de là dix minutes plus tard, me rhabille et déclare que « le bain public, ce n'est pas pour moi ». Je retenterai l'expérience de la source chaude en fin de journée dans mon bain privé. Pour l'heure, direction le parc de l’hôtel.




(Photos : Les bains de l'hôtel (source : Itoen.com))




Le domaine sur lequel s'étend la station thermale est bien pensé : organisé sous la forme d'un parcours, il invite à découvrir la finesse et la beauté des jardins japonais. En effet, petits pavillons de bois, sentiers de pierre et ponts d'un rouge ardent contrastent à merveille avec les couleurs émeraudes du paysage. Personnellement, j'ai trouvé cela très relaxant et je me suis promenée pendant plus d'une heure.










(Photos : le charme des jardins de montagnes)




18h : le moment est venu de réessayer le onsen, “à domicile” cette fois-ci.

Arrivée dans ma chambre, je me dirige vers la terrasse, me douche rapidement et trempe un pied puis l'autre dans la petite baignoire en bois. Aucune surprise : l'eau est toujours aussi chaude que dans le bain public. Néanmoins, je dois avouer que la vue dépourvue de mamelons qui m'est offerte ici m'enchante beaucoup plus. Entre le Mont-Fuji et les fesses de Masako 69 ans, j'ai fait mon choix !



(Photo : Rien de tel qu'un petit tête-à-tête avec M.Fuji).




19h30 : l'eau ça creuse ! Direction le réfectoire où un somptueux buffet m'attend si j'en crois le site internet d’Itoen.


Et là, c'est la grosse déception du séjour. Du buffet, il ne reste plus tant de choses que cela : les papys affamés ont fait une razzia sur les différents mets proposés par l'établissement.


J'ai néanmoins pu goûter quelques sushis, émincés de poulet et légumes verts. Ce n'était ni bon, ni mauvais, assez banal dans l'ensemble. Je m'attendais à des plats plus élaborés et un peu de viande rouge n'aurait pas été de trop non plus. Concernant le système de boissons à volonté, ce dernier est bien pensé, facile d'accès et le choix est conséquent, cela rattrape donc le buffet salé.


La grosse catastrophe du repas reste par contre selon moi le buffet à dessert.


Si les fruits étaient bons, les gâteaux étaient infects ! J'ai goûté un petit cake à la mangue et un autre au raisin, les deux avaient un goût de chimique très désagréable. C'est simple, à chaque bouchée j'avais l'impression de me manger mon après-shampooing ! Je sais bien que les arômes synthétiques japonais ne sont pas bons, mais venant d'un hôtel de standing, j'avais espéré que leurs desserts échappent à la règle. Perdu.




(Photos : Je n'avais plus de batterie sur mon appareil photo, je vous montre donc le-buffet-que-je-n'ai-pas-eu tel qu’il était présenté sur le site (Source : Itoen.com))




20h : Je regagne ma suite pour profiter de mon onsen sous le regard de la lune.


Le changement de décor est saisissant : l'air s'est rafraîchi, la brise souffle légèrement et le Mont Fuji a disparu dans la nuit noire pour laisser place aux lumières de la ville.


Dans ce paysage bucolique, seul le trafic que je distingue au loin me rappelle que le lendemain je dois rentrer à Tokyo.






Conclusion


Bien que le repas ne vaille clairement pas le coup, je recommande cet hôtel, ne serait-ce que pour son cadre qui reste paradisiaque. Je me tairai sur le prix exact de mon séjour, mais sachez que pour ce petit havre de paix vous devrez débourser entre 22 000 et 28 000 yens la nuit (entre 195 et 250 euros).






Source :


→ Chaine d'hotels Itoen : http://www.itoenhotel.com/



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