top of page
Photo du rédacteurMiss Frenchy Japan

Peut-on parler du Japon sans être Japonais(e) ?





Il y a quelques mois de cela, j'ai reçu mon tout premier message de ''hater'' !

Je me baladais tranquillement sur les réseaux sociaux, ''likais'' les photos de mes proches, bref, je vivais ma vie virtuelle d'internaute comme il se doit, quand le fameux ''hater'' a décidé de me faire part de son avis sur mes « questions-con Japon », la fameuse série d'articles que je publie une fois par mois depuis le début de l'année.


« Toutes les personnes qui parlent du Japon sans être Japonaises, c'est un scandale ! », « On ne peut pas parler d'une expérience sans l'avoir vraiment vécue », « Ça ne sert à rien de chercher dans les livres des réponses à des questions qui n'intéressent personne, puisqu'il ne faut pas croire tout ce qu'on lit dans les livres d'histoire », «  L'histoire, c'est du caca ! », voici en gros un résumé succinct et plus poli du message du dit ''hater''.



Comment ai-je réagi ?… Je ne l'ai pas pris personnellement.


En effet, au-delà du fait que cette personne exprimait une option personnelle, je ne pense pas que le message m'était adressé directement, le contenu étant plus orienté sur « ces personnes qui parlent d'une culture sans en être natives » et non sur « Miss Frenchy Japan qui écrit des articles sur la culture japonaise ».


La question soulevée m'ayant parue intéressante, j'ai néanmoins décidé d'exprimer moi aussi mon opinion personnelle sur le sujet. Et j'insiste ici sur l'expression « opinion personnelle » !


NON, je ne prends pas la défense des blogueurs expatriés ou des chercheurs en sociologie ! Et NON je n'attaque pas ceux qui pensent que « l'histoire, c'est du caca » !

Chacun est libre de penser ce qu'il veut du moment qu'il n'impose pas sa manière de penser à autrui.


Ceci étant dit, je vais diviser ma pensée en trois pour ne pas perdre le fil : une première partie sur le fait qu'à mon sens on puisse parler de l'Autre avec retenue, une seconde sur ''l'expérience'' (vu qu'apparemment c'est bien cela le problème de fond), et une dernière partie sur les blogs Japon francophones et l'écriture de ces derniers à des visées ''non-touristiques''. Dit comme cela, ça fait très ''rapport de séminaire'', mais je préfère être claire et précise sur un sujet comme celui-ci, vous m'excuserez.








Anthropologie indigène VS anthropologie non-indigène, le débat qui date !



Bien qu'il l'aurait peut-être voulu, M.Hater (appelons-le comme ça) n'est pas à l'origine d'un buzz. Et la question de savoir si on peut parler d'une culture qui n'est pas la sienne est vielle comme le monde.


En effet, les scientifiques n'ont pas attendu que M.Hater soit né pour se poser la question. Et déjà au début du XXe siècle, les amoureux de l'anthropologie sociale ont soulevé le débat, avec la plupart du temps des questions de fond derrière l'entreprise de connaissance.


D'un côté, nous avions ceux qui pensaient que l'anthropologie ne devait être réalisée que par des peuples occidentaux sur des cultures non-occidentales, une manière de penser autrefois alimentée par la volonté des peuples coloniaux de comprendre une culture étrangère pour pouvoir mieux asseoir ses volontés politiques et économiques. De l'autre, nous trouvions les partisans d'une science ouverte à tous, où toutes les cultures pourraient s'étudier les unes les autres.


Dommage que M.Hater n'aime pas l'histoire, puisque cette dernière à montrer qu'aujourd'hui nous sommes plutôt dans le deuxième cas, et que bien qu'il y ait beaucoup de personnes qui étudient une culture étrangère à la leur, il y a aussi beaucoup de scientifiques qui étudient leur propre culture.


Est-ce qu'un point de vue vaut plus que l'autre pour la communauté scientifique ? Pas forcément !


En effet, de nombreux chercheurs arrivent aux mêmes conclusions quelle que soit leur nationalité. Et la différence de ''reconnaissance'' d'un écrit se fera plus par le titre de son auteur (à savoir si c'est un éminent professeur, un doctorant, ou encore pire un simple blogueur !) que par la nationalité de ce dernier.



Je vais citer un exemple simple que je connais bien : les ama.



Quand j'ai rédigé mon mémoire de master sur les plongeuses artisanales japonaises, j'ai dû fouiller dans les écrits qui avaient été rédigés sur ces braves femmes pour faire mon travail d'étudiante. Mes recherches s'inscrivaient alors dans l'anthropologie du genre, et questionnaient la place de ces femmes dans leurs communautés de pêche.

Est-ce que j'ai dû lire les travaux de chercheurs occidentaux pour comprendre le phénomène ? Oui. Est-ce que j'ai aussi trouvé des écrits d'anthropologues Japonais sur la question ? Oui. Est-ce que ces deux types de documents se recoupaient facilement ? OUI, sinon je n'aurais pas pu écrire mon mémoire !

Quand Tanaka Noyo te pond une ethnographie sur les communautés de pêche en 1983 et que deux ans plus tard Paul Thompson te sort un livre sur le même thème qui arrive globalement aux mêmes conclusions, est-ce qu'on va chercher à savoir lequel des deux en parle le mieux puisque les résultats sont les mêmes ? NON ! Alors pourquoi le ferait-on dans les autres cas ?


Pire encore, j'ai même trouvé des collaborations réalisées par des chercheurs Japonais ET des chercheurs étrangers ! Je citerai simplement Herman Rahn et Tetsuro Yokoyama qui ont collaboré pour étudier la physiologie des ama, et George De Vos et Wagatsuma Hiroshi qui se sont penchés sur la question des comportements sociaux dans les villages de pêche au Japon.

Du coup, à qui donne t-on le plus de crédit dans ces cas-là ? À celui qui a écrit le plus de pages ?!








Mais peut-être que je n'ai pas bien compris le point de vue de M.Hater. Et que par « On ne peut pas parler de la culture d'autrui » ce dernier voulait sûrement dire « on ne peut pas parler de la culture d'autrui parce qu'on a un point de vue ethnocentré et qu'il faut dépasser le filtre culturel et nos propres stéréotypes pour pouvoir comprendre un phénomène social ». Dans ce cas-là je suis plutôt d'accord. Mais M.Hater oublie aussi que nous avons des stéréotypes sur notre propre culture.


En effet, en tant que Française née dans les années 1990 et issue d'une famille de classe moyenne, j'ai une certaine image des faits sociaux français ̶(̶p̶a̶r̶ ̶e̶x̶e̶m̶p̶l̶e̶,̶ ̶j̶e̶ ̶s̶u̶i̶s̶ ̶u̶n̶e̶ ̶f̶e̶r̶v̶e̶n̶t̶e̶ ̶p̶a̶r̶t̶i̶s̶a̶n̶e̶ ̶d̶e̶ ̶l̶’̶a̶p̶p̶e̶l̶l̶a̶t̶i̶o̶n̶ ̶«̶ ̶P̶a̶i̶n̶ ̶a̶u̶ ̶c̶h̶o̶c̶o̶l̶a̶t̶ ̶»̶ ̶d̶a̶n̶s̶ ̶l̶e̶ ̶d̶é̶b̶a̶t̶ ̶P̶a̶i̶n̶ ̶a̶u̶ ̶c̶h̶o̶c̶o̶l̶a̶t̶ ̶V̶S̶ ̶C̶h̶o̶c̶o̶l̶a̶t̶i̶n̶e̶ ̶p̶a̶r̶c̶e̶ ̶q̶u̶e̶ ̶j̶'̶a̶i̶ ̶g̶r̶a̶n̶d̶i̶ ̶d̶a̶n̶s̶ ̶u̶n̶e̶ ̶p̶a̶r̶t̶i̶e̶ ̶d̶e̶ ̶l̶a̶ ̶F̶r̶a̶n̶c̶e̶ ̶o̶ù̶ ̶o̶n̶ ̶a̶p̶p̶e̶l̶l̶e̶ ̶c̶e̶t̶t̶e̶ ̶p̶e̶t̶i̶t̶e̶ ̶c̶h̶o̶s̶e̶ ̶«̶ ̶P̶a̶i̶n̶ ̶a̶u̶ ̶c̶h̶o̶c̶o̶l̶a̶t̶ ̶»̶)̶.̶ Une image qui m'est propre, mais qui a aussi été influencée par mon éducation, mon genre, ma CSP, ma génération, etc. Cette vision que j'ai du fait social va alors venir parasiter mes tentatives de compréhension du phénomène en question ! C'est tout à fait naturel ! Et je ne suis pas différente des autres, puisque c'est humain.

À ce titre, un citoyen Japonais aura lui aussi ses propres opinions, sa propre idée du sujet, et ce, même sur les choses qui concernent son propre pays.

C'est pourquoi l'une des premières choses qu'on apprend en fac de sciences sociales, c'est d'observer et d'essayer de dépasser les stéréotypes qu'on a. Ce qui est tout aussi difficile à faire lorsque ça touche sa propre culture que lorsque ça porte sur une culture étrangère !




(D'ailleurs pour rappel, ce qui est dit plus haut est aussi un principe à respecter dans la vie en général hein, être ouvert aux opinions d'autrui, faire fi de ses stéréotypes, tout ça tout ça...)




Je vais maintenant terminer ce point sur l'ethnocentrisme en reprenant une chose que M.Hater avait soulignée : « Il ne faut pas croire tout ce qui est dit dans les livres d'histoire parce que l'histoire, c'est du caca ».

J'accorde ici un point à M.Hater : les livres d'histoire sont tous ethnocentrés !

Les vainqueurs écrivent leur version, les perdants la leur, et tous relatent l’événement d'un point de vue différent.


Cela dit (hors cas extrême comme les livres d'histoire de la Corée du Nord ou de tout autre régime similaire tellement ethnocentré qu'au-delà de déformer l'interprétation d'un fait, ils déforment le fait lui-même), on ne peut pas privilégier une version à l'autre, puisque les deux relatent les mêmes faits, dans le même ordre, avec généralement les mêmes conclusions.


Dans son message, M.Hater avait souligné le fait que les Japonais ne relataient pas de la même manière que les Américains les événements de la Deuxième Guerre Mondiale. Et affirmait que les Américains ayant''glorifié'' leur victoire dans les livres, les Japonais avaient de facto la VRAIE version des faits.


Le souci que j'ai avec cet exemple, c'est que M.Hater oublie que les Japonais qui ont écrit les livres d'histoire ont eux aussi usé d'ethnocentrisme, et qu'ils ont volontairement ''diabolisés'' les Américains comme les Américains les ont ''diabolisés'' dans leurs propres récits.

Quelle version est la plus juste ? Ça, c'est un mystère !


Mais c'est justement ce qui est intéressant !

Pouvoir comparer et raisonner sur le pourquoi de la différence, n'est-ce pas plus stimulant que de vouloir à tout prix jeter l'histoire à la poubelle ̶(̶s̶a̶u̶f̶ ̶l̶'̶h̶i̶s̶t̶o̶i̶r̶e̶ ̶j̶a̶p̶o̶n̶a̶i̶s̶e̶ ̶a̶p̶p̶a̶r̶e̶m̶m̶e̶n̶t̶ ̶p̶o̶u̶r̶ ̶M̶.̶H̶a̶t̶e̶r̶)̶ parce qu'elle est ''orientée'' ?





L'expérience ou l'importance de l'empirisme pour parler de l'Autre



Attaquons-nous désormais au cœur du sujet : l'empirisme ou l'importance de devoir expérimenter pour pouvoir parler d'un phénomène.


Je suis plutôt d'accord avec M.Hater lorsqu'il dit qu'il est important d'expérimenter quelque chose pour pouvoir en parler correctement. Après tout, c'est beaucoup mieux de ''voir'' les faits pour essayer de les comprendre, non ?


Cela dit, j'insiste ici sur le terme ''voir'' et non ''vivre'' !


En effet, il est assez difficile de ''vivre'' l'ensemble des faits sociaux dont on veut parler.

Prenons un exemple simple : les chercheurs ou les journalistes masculins qui écrivent des articles sur la grossesse.

Est-ce que ces hommes pourront un jour être enceintes ? NON ! Mais est-ce qu'ils vont pouvoir interviewer des femmes enceintes qui ''vivent'' au sens premier du terme la grossesse ? OUI ! Est-ce qu'ils vont pouvoir lire d'autres articles déjà écrit sur le sujet pour avoir une base théorique avant de mener l'enquête ? OUI ! Est-ce qu'ils sont en mesure de recouper ces informations théoriques pour dégager celles qui semblent être les plus proches du réel ? OUI ! Est-ce qu'ils vont confronter ces écrits avec ce qu'ils voient sur le terrain ? OUI ! Alors où est le souci s'ils ne peuvent pas ''être enceintes'' pour écrire un article sur la grossesse ?!




(source : The Hindu Business Line)




Un deuxième point que j'aimerais soulever : on peut aussi ''vivre'' l'expérience sans être un acteur premier de l'expérience. Je m'explique.


Par exemple, quand ces mêmes hommes vont observer ce qui se passe dans les cliniques, quand ils vont interviewer les femmes enceintes, les pères ou les médecins (deux catégories qui ne vivent d'ailleurs pas la grossesse au sens premier mais qui la vivent quand même à leur manière), c'est aussi un moyen de vivre l'expérience, non ? Ils observent, ils sont confrontés au fait, donc ils vivent eux-aussi l'expérience dans un sens.


Je vais maintenant prendre l'exemple de deux articles que j'ai écrit : le premier sur les jupes courtes au Japon, et le deuxième sur les Omawarisan. NON, je ne suis pas une Japonaise qui porte des jupes courtes, et je ne suis pas non plus un Omawarisan. MAIS, je ne suis pas passive face au phénomène !


Pour le cas des jupes, mon questionnement est né du fait que je voyais sans cesse des Japonaises porter des jupes courtes, et que le vêtement jouit d'une bonne réputation sur l'archipel alors qu'en France ce n'est pas forcément le cas.

Je constate déjà que la jupe n'est pas perçue de la même manière dans les deux pays, je constate ensuite qu'on en vend beaucoup sur l'archipel, je cherche des informations sur l'origine de la mini-jupe au Japon, je comprends qu'elle vient d'un mouvement identitaire et qu'elle a ensuite était mise en avant par la télévision (soit en lisant des articles de personnes qui sont allées interroger les Japonaises qui portaient des jupes courtes dans les années 1990 et/ou qui ont observé le phénomène monter via la télévision, soit en lisant des articles qui citaient ces personnes), je fais l'hypothèse que le vêtement est accepté socialement parce que le Japon est une société confucianiste, je cherche des documents me permettant de faire le lien entre les deux, je réfute ou confirme l'hypothèse en fonction de ce que je peux voir dans la rue, et j'écris mon article. Les verbes en gras montrent bien que j'ai observé, que j'ai cherché des réponses, et que j'ai essayé de comprendre ce que je voyais.


Pour le cas des Omawarisan, c'est encore plus simple : je me posais des questions sur leur métier, j'ai été leur demander de vive voix, ils m'ont expliqué leur expérience en tant que policier, j'ai écrit mon article. L'expérience au sens premier (aka celle d'être Omawarisan) n'est pas la mienne, mais j'ai essayé de la rapporter au mieux, tout en restant neutre, à mon petit niveau de simple ''étrangère qui se posait une question sur le pays où elle vit''.


Du coup, si j'essaie de comprendre un phénomène dans un pays étranger, que j'essaie d'enlever tous les préjugés que j'ai par rapport à ce phénomène, est-ce que je peux en parler ou c'est absolument impossible parce que je ne suis pas native du pays en question ?









Bien évident, je ne comprendrais probablement jamais la culture japonaise entièrement vu que j'ai des prismes culturels qui m'en empêchent (d'où le fait que je lise et que j'observe pour ESSAYER de la comprendre et ''d'ouvrir'' mon esprit à de nouveaux horizons). Et encore une fois ce qui suit n'est que mon point de vue, mais pour essayer de comprendre quelque chose, n'est-il pas primordial de réfléchir, de faire marcher son cerveau pour analyser ce qu'on a devant nous, et de lire sur le sujet pour avoir des bases théoriques qui permettraient ensuite de raccrocher les wagons pour TENTER de comprendre le phénomène qu'on a sous les yeux ?

Peut-être que je m'avance trop en disant cela, mais contrairement à ce que beaucoup de partis extrémistes peuvent penser, les facultés de réflexion, ce n'est pas une histoire de culture et de nationalité, si ?


Je vais donc conclure cette partie en revenant brièvement à mon premier point.

Quand des chercheurs ou des journalistes Japonais s'associent à des confrères étrangers pour parler d'un phénomène social au Japon : pourquoi est-ce qu'ils le font ? Est-ce pour dire à leurs collègues que leur manière de penser est mauvaise, ou est-ce parce que la façon que ces derniers ont de traiter les donner et de les analyser est proche de la leur et rend la collaboration intéressante ?

Je vous laisse méditer sur ce point.



Les « blogs Japon » ou l'obligation de ne parler que de tourisme ?



Pour terminer, j'aimerais simplement évoquer le cas des Français qui écrivent sur le Japon.

Qu'ils soient voyageurs de passage, expatriés à court terme, ou expatriés définitifs, de nombreux Français écrivent sur le pays du soleil levant. Et bien souvent, ce sont des articles qui ont pour but de faire découvrir les beautés de l'archipel à leurs compatriotes.


ATTENTION ! Je ne critique aucunement leur travail ! Loin de là ! C'est toujours bien d'avoir des informations sur les lieux à visiter ou sur les activités à faire à l'étranger, et je suis même la première à les lire lorsque je souhaite découvrir de nouveaux endroits. D'ailleurs, en tant que blogueuse amoureuse de mon pays d'accueil, je suis aussi très contente de pouvoir partager mes découvertes touristiques sur FB et Insta, là n'est pas le propos.


Là où je veux en venir, c'est que les amis de M.Hater ne critiqueront jamais ces blogueurs. Tout d'abord parce qu'ils trouvent leur contenu ''utile'', et deuxièmement parce que ces personnes relatent une expérience qu'ils ont vécu : j'ai été au temple A, j'ai mangé des ramen juste après, c'est un coin sympa pour telle ou telle raison, c'est mon avis et ça reste subjectif, mais au moins je peux en attester.


A contrario, des expatriés qui vont commencer à parler de leur quotidien en incorporant des aspects culturels sur lesquels ils se questionnent, tout de suite, ça passe un peu moins bien chez les amis de M.Hater (NDLR : si vous ne voyais pas de quoi je parle, c'est par exemple le genre d'articles que je poste dans la section ''Bref'').


Tu te fais virer, tu racontes ton expérience, ça va. Tu te maries, tu racontes ton expérience du couple franco-japonais, ça va. Par contre, si tu veux digresser et en profiter pour parler du suicide au travail ou du couple japano-japonais, ça risque d'être mal interprété. Après tout, tu n'es pas Japonais(e), tu n'es pas capable d'observer le monde qui t'entoure, et tu n'as aucune capacité de réflexion pour essayer de comprendre la culture japonaise, parce que, au fait, tu n'es pas Japonais(e) !







Mais il y a encore pire sur la blogosphère Messieurs-dames ! Il y a toutes ces personnes qui non-contentes de dériver de leurs expériences personnelles pour parler de la culture japonaise, vont directement écrire des articles SUR la culture japonaise !


Je ne reviendrai pas sur le sujet, j'ai exposé mon avis dans les deux premières parties de ce texte, mais je vais quand même développer un peu sur ce genre d'articles culturels qui « n’intéressent personne », parce qu'après tout, c'est à moi que M.Hater a envoyé le message.


En tant qu'internaute ou que personne intéressée par le Japon, il m'arrive parfois de me poser des questions auxquelles je ne trouve aucune réponse sur les blogs ou sur les sites francophones qui parlent du dit pays. Des questions toutes simples et très désuètes, qui sont en réalité le reflet de la culture locale.


Je vais prendre deux exemples très simples : le sac foncé qu'on donne au Drug store quand on va acheter des protections féminines (un vieux post écrit en 2016), et mon dernier article sur le fait qu'il est très mal vu de téléphoner dans les transports en commun alors qu'on peut y discuter sans problème.


Devrais-je chercher des infos sur ces deux points et les partager au cas où d'autres personnes se seraient déjà posé les mêmes questions, ou devrais-je les garder pour moi dans l'optique de satisfaire ma curiosité personnelle sous prétexte que je ne suis pas Japonaise et que de facto, si on en croit M.Hater, je suis incapable de comprendre ce genre de choses de toute manière ?


Pour rappel, je ne suis personne ! Je ne suis ni Japonaise, ni chercheuse attestée par le CNRS, et je suis très TRES loin d'avoir la science infuse. Je suis juste une blogueuse sur MFJ (pigiste en IRL) qui essaie de comprendre des aspects de la culture du pays dans lequel elle vit et qui l'interrogent.

Donc oui, les questionnements ci-dessus peuvent paraître c*ns, mais au moins comme je le dis à chaque fois que je publie ce genre d'articles, après avoir cherché la réponse « maintenant on sait » ̶(̶e̶t̶ ̶o̶n̶ ̶s̶e̶ ̶c̶o̶u̶c̶h̶e̶r̶a̶ ̶p̶e̶u̶t̶-̶ê̶t̶r̶e̶ ̶u̶n̶ ̶p̶e̶u̶ ̶m̶o̶i̶n̶s̶ ̶b̶ê̶t̶e̶ ̶l̶e̶ ̶s̶o̶i̶r̶ ̶v̶e̶n̶u̶ ̶e̶t̶ ̶p̶l̶u̶s̶ ̶r̶é̶c̶e̶p̶t̶i̶f̶ ̶à̶ ̶l̶a̶ ̶c̶u̶l̶t̶u̶r̶e̶ ̶d̶'̶a̶u̶t̶r̶u̶i̶)̶.̶


Après, je pourrais tout aussi bien ne pas chercher à vouloir tout comprendre et tout analyser. Et peut-être qu'il serait mieux de rester complément ignorant(e) et fermé(e) à ce qui nous entoure pour faire ''durer'' la magie de la vie en société.

Malheureusement, l'histoire a montré que ce n'est pas forcément une bonne chose que de ne pas chercher à comprendre le monde dans lequel on vit.


Pas de chance pour moi, M.Hater ne lit pas les récits du passé. Il a décrété que l'histoire, c'était du caca.



Conclusion


A Rome fait comme les Romains (et n'essaie pas de les comprendre apparemment, tu n'y arriveras pas).


PS : tout ceci n'est que mon POINT DE VUE et les arguments que je donne sont là pour illustrer ce dernier. Je ne détiens en aucun cas une vérité générale, et chacun est libre d'être d'accord ou non avec ce qui est dit plus haut. L'important, c'est de pouvoir exprimer son opinion librement en restant courtois et en argumentant.




Ouvrages cités dans cet article



DE VOS, George, WAGATSUMA Hiroshi, « Value Attitudes toward Role Behavior of Women in Two Japanese Villages », American Anthropologist, vol. 63, n° 6, 1961, p. 1204-1230.

RAHN, Herman (ed.), YOKOYAMA Tetsuro (ed.), « The Ama of Japan », dans RAHN, Herman (ed.), YOKOYAMA Tetsuro (ed.), Physiology of Breath-Hold Diving and the Ama of Japan. Washington, DC : National Academy of Sciences-National Research Council, 1965, p. 25-113.

TANAKA Noyo 田仲のよ, 海女たちの四季 Amatachi no shiki (Les quatre saisons des ama). Tokyo : Shinjuku Shobō, 1983, 253 p.

THOMPSON, Paul, « Women in Fishing: The Roots of Power between the Sexes », Comparative Studies in Society and History, vol. 27, n° 1, 1985, p. 3-32.




655 vues

Comments


bottom of page