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Usuki, la ville figée dans le temps






La semaine dernière je suis allée à Usuki, une petite ville de Kyushu qui a contacté la Chambre du Commerce Française (CCIFJ) dans l'optique de développer ses offres touristiques à destination des Français.

En effet, les Français sont les premiers touristes étrangers à se rendre dans cette petite bourgade du sud du Japon. Et sur les 3 000 visiteurs non-japonais que la ville accueille chaque année, 800 d'entre eux sont Français !

Autant dire qu'avec la coupe du monde de rugby et les J.O. qui approchent à grands pas, Usuki a tout intérêt à chouchouter ses visiteurs venus de l'hexagone !


Dans cette optique, la municipalité a organisé un voyage pour 10 personnes en lien avec la Chambre du Commerce afin d'avoir des retours sur ses activités. Un voyage auquel j'ai eu la chance d'être conviée, et qui m'a permis de découvrir cette charmante petite ville, bien trop méconnue des guides de voyage…





61 bouddhas et 1 000 ans d'histoire



Les bouddhas de Usuki, c'est comme les pierres de Stonehedge : c'est le lieu touristique par excellence de la ville qui les accueille, c'est très instagrammable, et c'est surtout bien mystérieux !


Apparus fièrement à l'Ouest de la ville sous l'ère Heian (794-1185), les bouddhas de Usuki sont au nombre de soixante-et-un. Ils ont été sculptés à partir de roches volcaniques issues du Mont Aso, ils sont regroupés en quatre groupes distincts, et comme les pierres du Wiltshire, ils sont une énigme pour l'histoire !


En effet, personne ne sait exactement quand ni pourquoi ils sont apparus ! On sait simplement qu'ils ont servi de lieu de culte à l'une des sectes bouddhistes les plus importantes du l'île, et que l'aura de chacun d'entre eux peut se retrouver dans celle du bouddha principal du site, la statue de Kongo-rikishi.







Aujourd'hui, les bouddhas de Usuki sont classés ''Trésors nationaux''. Ce sont les premières statues de Kyushu à avoir reçu cet honneur, et leur préservation est un des enjeux majeurs de la préfecture de Oita.





(Photos : la vue depuis le site est d'ailleurs très sympa puisque les bouddhas ont été construits à proximité d'un champ agricole)




Nioza, le centre-ville resté à l'époque Edo


Aménagé le long de la route historique de Nioza, le centre-ville de Usuki est une petite merveille. Maisons de bois, routes pavées, temples cachés entre les ruelles, et verdure à foison, c'est un retour aux temps des samouraïs qui vous attend si vous vous y promenez !










En effet, l'architecture est typique de celle des villes fondées autour d'un château féodal. Et bien que du château de Usuki il ne reste que les ruines, l'âme du centre-ville où vivaient autrefois les samouraïs est quant à elle toujours bien vivante : les artisans perpétuent les traditions locales érigées par le clan Inaba à l'époque Edo (1603-1868), et les visiteurs continuent de faire vivre ce petit quartier commerçant où les salons de thé et les maîtres kimono d'autrefois côtoient les boutiques-souvenirs d'aujourd'hui.


Cette ambiance pittoresque n'en est d'ailleurs que plus saisissante en novembre, puisque le festival Takeyoi vient sublimer ce décor déjà très singulier.





(Photos : on notera également une autre particularité du centre-ville : tout comme celui de Kanazawa que j'affectionne beaucoup, les fils électriques ont été installés sous terre pour que le quartier ne perde rien de son côté pittoresque)






Brin de magie sur la ville : le festival des lanternes Takeyoi et le conte de la princesse Hannya



Crée à l'origine pour attirer les visiteurs venus se ressourcer dans les onsen de Beppu à 50 km de là, le festival Takeyoi de Usuki est aujourd'hui l'un des événements majeurs de la région de Oita.

Tenu tous les premiers week-ends de novembre depuis 1997, le festival rassemble chaque année plus de 110 000 visiteurs ! Un petit chiffre, qui est en réalité énorme pour la commune qui ne compte que 38 000 habitants.











Dédié à l'art des lanternes en bambou, le festival compte près de 20 000 lanternes sculptées réparties sur l'ensemble du centre-ville. Les habitants s'y prennent alors deux mois à l'avance pour créer ces petites merveilles, et deux groupes de volontaires se répartissent l'organisation du festival : le premier dispose les lanternes dans la ville, et le second allume les bougies posées au centre des sculptures en bambou.









Des anciennes maisons de samouraïs aux restaurants, en passant par les temples et les habitations actuelles, tous les bâtiments sont éclairés par les lanternes qui longent les rues du vieux centre de Usuki ! Un spectacle saisissant, qui s'accompagne également d'un autre événement : la parade de Hannya-hime !


En effet, les lanternes en bambou ne sont pas la seule attraction en ville cette nuit-là. Et si de nombreuses communes de la préfecture de Oita cultivent aussi la tradition des lanternes sculptées, Usuki a su se démarquer de ses voisines en fusionnant l'art du Takeyoi avec la légende locale de la princesse Hannya.


Mariée au prince du village voisin, Hannya-hime décède avant de pouvoir dire au revoir à son père, le créateur des 61 bouddhas de Usuki. Afin de guider l'âme de la princesse vers ce dernier, les habitants organisent alors une parade où trois femmes trônent fièrement sur un char en direction du temple principal de la ville (une enfant, une femme dans la vingtaine, et une femme d'âge mûr). On ne dit pas si l'âme de la princesse trouva un jour le repos, mais ce qui est sûr, c'est que la parade au milieu des lanternes vaut à elle seule le coup d'être réalisée tous les ans !








Pour la petite parenthèse anthropo, la légende fait en réalité écho à une vieille tradition japonaise voulant que la femme tout juste mariée retourne vivre chez ses parents quelque temps après ses noces. De nombreuses légendes régionales sont d'ailleurs empruntées à de vieilles traditions japonaises ! C'est pourquoi, c'est toujours très intéressant de découvrir les petits matsuri locaux ^^





Brin de magie dans l'assiette : fugu, kabosu et autres spécialités régionales



Je ne sais pas si l'office du tourisme de Usuki est parti sur le stéréotype que les Français aiment bien manger, mais Kami-sama ce que nous avons mangé ! Entre les pauses thé, les dégustations de rue, et les repas tous plus copieux les uns que les autres, la découverte des spécialités régionales aurait pu être listée comme une activité à part entière !


Parmi les choses qui ont retenu mon attention, en voici quelques-unes que je vous invite fortement à découvrir :





La cuisine au fugu



Le fugu est l'une des spécialités de la région de Usuki. C'est un poisson réputé comme venimeux, et seuls les restaurants ayant la licence pour le cuisiner peuvent en servir. Comme j'ai eu la chance de séjourner dans un ryokan ayant l'autorisation de le cuisiner, j'ai eu le droit à un dîner entièrement réalisé à base de fugu ! Sashimi de fugu, nabe de fugu, beignets de fugu, fugu en soupe, un délice !









Le lendemain matin nous avons également eu le droit à notre dose de fugu pour le petit-déjeuner. Quand on aime, on ne compte pas !









Le kabosu


Le kabosu est un agrume vert qu'on trouve dans la préfecture de Oita. Je n'en avais jamais goûté de ma vie et je dois bien avouer que c'est super bon ! Pour ma part, je l'ai apprécié autant en fruit qu'en soda ou en thé.




(source : gi-act.maff.go.jp)




La cuisine des moines


La Shojin Ryori, ou ''cuisine des moines'', est excellente pour la santé ! Entièrement végétarienne, elle repose sur un principe fondamental du bouddhisme : celui de ne pas ôter la vie.

Le dernier jour, nous avons déjeuné dans un restaurant monastique situé sur les hauteurs de la ville : c'était très bon !











Conclusion



Usuki est une très jolie ville. C'est vert, c'est accueillant, et cela m'a permis d'approcher la culture régionale, moi qui n'avais jamais mis les pieds dans la préfecture de Oita. J'ai également découvert de nombreuses choses que je n'ai pas listées ici comme la poterie de Usuki, l'art du kimono ̶(̶d̶'̶a̶i̶l̶l̶e̶u̶r̶s̶ ̶l̶e̶ ̶k̶i̶m̶o̶n̶o̶ ̶e̶s̶t̶ ̶u̶n̶ ̶o̶b̶j̶e̶t̶ ̶i̶n̶g̶r̶a̶t̶ ̶:̶ ̶d̶e̶s̶ ̶d̶i̶z̶a̶i̶n̶e̶s̶ ̶d̶e̶ ̶m̶i̶n̶u̶t̶e̶s̶ ̶p̶o̶u̶r̶ ̶l̶e̶ ̶m̶e̶t̶t̶r̶e̶ ̶e̶t̶ ̶t̶r̶e̶n̶t̶e̶-̶s̶e̶c̶o̶n̶d̶e̶s̶ ̶s̶e̶u̶l̶e̶m̶e̶n̶t̶ ̶p̶o̶u̶r̶ ̶l̶'̶e̶n̶l̶e̶v̶e̶r̶)̶ , ou encore les ruines du château du clan Inaba, mais je préfère laisser quelques surprises à tous ceux qui aimeraient venir découvrir cette petite perle perdue sur les bords de la mer intérieure de Seto.





Informations complémentaires



- Pour aller à Usuki : à 45 minutes en train de la gare de Beppu (ligne Sonic-Nichirin)

- Festival Takeyoi : 1er week-end de novembre, de 17h30 à 21h

- Ryokan et dîner au fugu : Ryokan Shunko-en

* adresse: Gion Nishiku 3 Kumi, Usuki, Oita Prefecture 875-0041

* site: http://usuki-shunkouen.com/english.html

- Restaurant monastique : Restaurant Seigetsu-an

* adresse : Shiota 1 Kumi Nioza, Usuki, Oita Prefecture 875-0043

* horaires : 10h-16h

* site : http://www.kenshouzi.jp/seigetsu/index.html





PS : Merci encore à la CCIFJ pour l'invitation et à la ville de Usuki pour son accueil si chaleureux !



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